La mère, la femme, l’amie que je suis.

Je suis la mère qui aime que ses enfants soient bien peignés, bien habillés. Coordonnés même pour les grandes occasions si possible.

Celle qui anticipe les moments où on pourrait être pris en famille en photo pour éviter que son mari soit en noir, elle en bleu et les filles encore en trois autres couleurs.

Je suis la mère qui réfléchit aux anniversaires des mois en avance, qui planifie chaque détail et dépense une énergie folle à organiser chaque fête. Celle qui aime envoyer des cartons d’invitations bien réels, par la Poste, avec un joli timbre si possible.

Je suis la mère qui fait du pain maison, des yaourts, achète en vrac et à la ferme, bio, suisse, local. Celle qui achète du lait bio en bouteille en verre consignées. Qui fait des confitures avec de jolies étiquettes.

Celle qui réfléchit aux cadeaux les plus adaptés, qui achète du joli papier d’emballage et du ruban en satin. Qui achète des livres pour enfant qui ont un sens et dont le contenu est bienveillant.

Celle qui fait son liniment, son savon pour les mains, sa lessive et tous ses produits ménagers. Qui utilise des shampoings solides et du savon d’Alep.

Je suis la mère qui réfléchit aux goûters qu’elle propose à ses filles, qui utilise des remèdes naturels autant que faire ce peut. Qui va amener sa fille à l’école en vélo au lieu de prendre la voiture.

Celle qui fait poser ses filles pour les photos de fin d’année et envoie des cartes de vœux par la Poste. Celle qui aime encore écrire de « vraies » cartes postales à la main.

Je suis la femme qui aime que tout soit rangé chez elle, surtout quand elle reçoit. Qui aime faire des belles tables et dresse les couverts et les verres avec un torchon en tissu pour ne pas faire de marques de doigts. Celle pour qui tout doit être prêt quand les invités arrivent.

Je suis la femme qui ne prend pas le temps de se maquiller tous les jours, mais qui aime avoir toujours les ongles vernis.

Celle qui n’aime pas porter plus de trois couleurs, achète ses habits dans les grandes enseignes de fast fashion, mais aime les sacs de luxe et les lunettes de soleil de marque.

Je suis la femme qui aime aider les autres, leur rendre service et partager avec eux.

Celle qui aime que sa voiture soit propre, surtout quand elle doit prendre quelqu’un avec.

Je suis la femme qui aime les intérieurs minimalistes, mais chaleureux. Celle qui préfère quand tout est accordé, lisse et aligné.

Je suis cette femme qui a confiance en ses capacités, en ses talents et en son intelligence.

Je suis l’amie qui écrit des messages aux anniversaires. Qui se met des rappels pour le déménagement de X, l’opération du fils de Y ou le cadeau de naissance du bébé du collègue de son mari.

Celle qui s’intéresse à beaucoup de choses. Tout le temps. Qui aimerait lire et apprendre sur tout, qui aimerait savoir coudre, tricoter et crocheter. Cuisiner et pâtisser. Repeindre des murs, poser du carrelage et faire des trous à la perceuse. Apprendre à parler italien. Organiser des sorties au resto avec son amoureux pendant que les enfants sont gardés par une baby-sitter. Regarder avec gratitude ses filles jouer paisiblement toutes les trois pendant des heures. Celle qui aimerait appeler ses grands-mamans toutes les semaines, aller les voir plus souvent. Organiser au moins une fois par an une rencontre avec ses cousins. Passer plus de temps de qualité avec ses enfants. Prendre plus de temps pour elle. Dire merci à ceux qui l’aident. Planifier ses repas et ses courses à l’avance. Faire du batch cooking.

Voilà. Tous ces détails sont vrais. Tu as peut-être appris des choses sur moi. Tu vois ces aspects de moi sur les réseaux sociaux ou dans la vie de tous les jours. Tu penserais peut-être que ma vie ressemble à ça tout le temps, si je ne choisissais pas de partager aussi d’autres moments, moins parfaits et moins jolis. Mais je ne partage pas tout. Je garde pour moi certains moments encore plus beaux, mais aussi certains moments encore plus difficiles.

Je suis la mère qui a beaucoup de bonnes intentions, mais qui les oublie la plupart du temps parce qu’elle est fatiguée, lasse, usée. Celle qui crie trop souvent ou qui dit des phrases qu’elle regrette à peine elles ont passé seslèvres.

Celle qui fait trop de choses à la place de ses enfants parce que comme ça, ça sera plus vite fait. Celle qui ne se laisse pas aider beaucoup parce qu’elle ne peut pas s’empêcher de le voir comme un signe de faiblesse.

Je suis la mère dont la famille est bien habillée sur les photos, mais qui n’aime pas se voir dessus quand même, celle qui retouche sa ride du lion sur la photo des cartes de vœux de fin d’année (si si et j’assume totalement !).

Celle qui aimerait profiter de l’instant présent, mais dont l’esprit pense toujours à plus tard, à plus loin, à après.

Celle qui passe tout son temps avec ses enfants et qui pourtant est rarement réellement disponible pour eux. Qui élève la voix trop souvent pour des bricoles.

Je suis la mère qui achète du pain aux graines à la boulangerie et en même temps deux boules de Berlin mangées en cachette de ses enfants. Celle qui achète aussi des cordons-bleu industriels et autres produits suremballés. Celle qui parfois ne met plus les pieds au magasin vrac et à la ferme pendant deux mois et qui fait toutes ses courses en supermarché. Qui du coup achète du lait en bouteilles plastique, du pain emballé et du jambon en barquette.

Celle dont le sol de la voiture est rempli de miettes, de terre, d’herbes, de petits cailloux et les vitres pleines de traces de doigts.

Je suis la mère qui aimerait être à jour dans les albums-photos de ses filles, mais qui a en réalité des années de retard. Celle qui aimerait leur faire une jolie boîte à souvenirs, mais qui a une malle en plastique remplie de fouilli et de dessins non datés.

Je suis la femme qui fait très attention à ce qu’elle met sur sa peau, mais qui utilise encore du maquillage pas clean du tout. Celle sur qui tu peux compter pour utiliser les produits miniatures pas clean des hôtels, tu sais, le Bulgari au thé blanc ou les Molton Brown.

Celle qui prenait trop souvent la voiture pour aller à l’école, parce qu’aller à pied n’arrangeait pas son planning.

Je suis la femme que tu vas croiser dans la rue et qui ne te dira parfois pas bonjour, même si elle t’a reconnue. Pas parce qu’elle est hautaine, mais parce qu’elle se sens mal à l’aise, inexplicablement.

Celle qui se fiche (un peu) d’être en maillot de bain en vacances, mais qui se maudit quand elle a pris le risque de mettre un mini short pour aller au bord du lac alors qu’il fait 35 degrés, mais que forcément elle tombe sur quelqu’un qu’elle connaît.

Je suis la femme qui mange quand elle est stressée, quand elle est fatiguée, quand elle est triste. Et aussi quand elle est heureuse !

Je suis l’amie qui oublie parfois de prendre des nouvelles de la copine dont le papa ne va pas bien ou de celle qui a eu un accident. Celle qui voulait vraiment préparer quelques cookies faits maison à déposer discrètement dans la boîte aux lettres et qui finalement ne prend pas le temps.

Celle qui aimerait plus souvent aller manger ou boire un verre avec des amies, mais qui ne prend le temps que deux fois par an.

Je suis la petite-fille qui n’a pas pris de nouvelles d’une de ses grand-maman depuis deux mois ou qui a volontairement ignoré pour quelques heures l’appel d’une autre parce qu’elle n’a pas le courage de faire comme si tout allait super bien pour ne pas l’inquiéter.

Je suis la mère au foyer qui se demande si ce rôle est réellement fait pour elle, qui se dit parfois qu’il est trop lourd à porter, trop frustrant à vivre. Et je suis celle qui ne sait pas ce qu’elle ferait si elle reprenait le boulot. Ni quand ça sera, ni où, ni avec qui. Mais qui a plein d’idée sur comment dépenser le salaire qu’elle aurait.

Je suis la marraine qui ne s’est pas encore investie comme elle le voulait auprès de son filleul.

Je suis celle qui va se retrouver sans enfant tous les vendredis matins pendant presque 3h et qui se demande ce qu’elle va faire de ce temps, étourdie par cette nouveauté, se sentant presque coupable.

Celle qui se sent parfois seule, qui doute, qui se demande si elle aura les capacités.

Je suis la mère, la femme et l’amie dont les routines et les certitudes ont été profondément ébranlées le samedi 17 août 2019, quand sa fille de 5 ans a été hospitalisée à la fin d’une semaine cauchemardesque, pour des soucis d’angoisses extrêmes qui semblent nous être tombés dessus comme une bombe qu’on n’avait pas vue venir.

Je suis celle qui sait ce qu’elle aimerait changer, sur quoi elle devrait se concentrer, mais qui la plupart du temps peine à y arriver.

Je suis toutes ces phrases. Individuellement et dans leur globalité. Je ne suis ni parfaite, ni un robot, ni un modèle. Je suis une femme, une épouse, une maman, une amie, une tante, une marraine. Un être humain avec ses forces et ses faiblesses, ses qualités et ses défauts. Simplement.

Je partage ce texte avec vous non pas par courage, ni par manque de pudeur, ni par volonté de recevoir des commentaires agréables ou des likes. Mais parce que je sens dans les échanges que j’ai sur les réseaux sociaux que beaucoup de femmes ont besoin de lire ce genre de simples vérités. Ont besoin de savoir qu’elles ne sont pas seules. Que ce qu’elles voient ou imaginent d’une personne n’est pas forcément l’entier du tableau. Non pas que ceux qui ne montrent pas tout mentent. C’est le choix de chacun d’exposer ce qu’il souhaite, de manière transparente ou non.

Et moi, je crois que ça me fait du bien, ça donne encore plus de sens à ce que je vis, à mon cheminement, que de pouvoir en partager certaines bribes et espérant qu’elles puissent toucher d’autres personnes.

Prenez soin de vous.

 

 

 

6 commentaires sur “La mère, la femme, l’amie que je suis.

  1. Quel beau texte, quelle belle vérité, quelle perfection, quelle imperfection…. tout cela fait bien plaisir à lire .
    Merci pour cette vérité normale

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  2. Merci pour ces mots si bien écrits. En vous lisant, j’avais l’impression que c’était moi qui pouvait les avoir écrit. L’histoire de ma vie: le lâcher prise (mais je n’y arrive toujours pas)!

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    1. Tout le plaisir est pour moi 🙂 Ce fameux lâcher-prise… tout le monde en parle, mais… pour la majorité d’entre nous, c’est plus facile à dire qu’à faire 😦

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