Celles qui me suivent sur les réseaux sociaux savent que j’ai décidé mercredi soir de faire une petite pause d’Instagram pendant 4 jours.
Ce n’était pas planifié du tout. C’est une envie, un besoin, qui s’est contre toute attente imposé à moi d’un moment à l’autre. Ne nous mentons pas, cela fait des semaines, voire des mois, que je sais que j’ai un problème avec mon téléphone. Toujours à portée de main, presque greffé à mon corps, il me sert à tout : il me réveille, me donne la météo du jour, des idées de repas, des nouvelles (importantes ou pas) de ce qui se passe dans le monde ou près de chez moi, me permet de communiquer avec mes amies, de photographier, de faire des achats et tellement d’autres choses encore.
Comme tous les possesseurs d’iPhones, ça fait un moment que je peux monitorer mon temps d’écran. Savoir exactement où je passe – ou je perds devrais-je plutôt dire – le plus de temps. Mais ça fait des mois que je l’ignore. J’ai désactivé bien vite les limites de temps par application que mon mari avait installées. Et je fermais bien fort les yeux sur ce fameux temps d’écran, encore plus fort que sur mes relevés de carte de crédit 😉 . Je pense que ça s’appelle du déni, ni plus ni moins. Je n’avais pas le courage d’affronter cette mauvaise habitude.
Mon activité la plus chronophage sur ce petit écran, ce sont les réseaux sociaux et en particulier Instagram, où « j’anime » depuis bientôt 2 ans et demi mon compte public, d’où ce blog est né. C’est une « activité » pour moi, une échappatoire pourrait-on sûrement dire, à un quotidien de maman qui tourne trop autour des enfants et des tâches ménagères. Le temps que j’y investi est colossal. Je n’en retire aucun revenu. Je reçois parfois des articles gratuitement et j’en suis presque mal à l’aise, tout en ressentant une certaine gratification. Mais quid du ratio investissement vs. bénéfices (je ne parle pas de « bénéfices » uniquement dans le sens monétaire, mais en gros, est-ce que la satisfaction générale que j’en retire est dans un rapport proportionné au temps que j’y investi) ?Parce qu’au-delà de cette « activité », je profite d’être sur Instagram pour lire des posts, regarder des stories, suivre de nouveaux comptes, chercher de l’inspiration… et le temps passe… 10 minutes par-ci, 3 minutes par-là, du lever au coucher, de la cuisine à la salle-de-bain en passant par la chambre de mes enfants. Souvent. Trop souvent. Tout le temps. La semaine en particulier.
Pourtant, j’ai l’impression qu’Instagram m’apporte quelque chose. C’est un lien avec l’extérieur pour moi qui suis à la maison et parle essentiellement avec des humains de moins de 8 ans. Je me sens utile quand mes partages vous plaisent ou vous aident. J’aime y chercher de l’inspiration. Echanger. Oui mais. Est-ce que ça justifie tout le temps que j’y passe (honnêtement, je ne partagerai pas ici mon temps d’écran moyen, ni mon pic le plus important, parce que j’en ai clairement honte !!).
Pourquoi maintenant ?
LE moment
Mercredi 13 novembre, l’après-midi, je suis chez une amie proche, nous nous connaissons depuis l’école primaire. Ni elle, ni son mari, ne sont présents sur les réseaux sociaux. Ils ne l’ont jamais été. Et ce ne sont pas des ermites 😉 ! Juste des personnes comme vous et moi, mais qui n’y voient aucun intérêt. Nous avons une discussion de mamans sur l’âge auquel donner à un enfant son premier téléphone, les dangers des réseaux sociaux, l’accès facilité à la pornographie, le cyberharcèlement. Pendant cette discussion, je me dis intérieurement qu’elle sera bien plus crédible que moi envers ses filles quand elle tentera de leur expliquer que posséder un téléphone portable n’est pas vital à 11 ans et qu’il faut utiliser les réseaux sociaux avec modération, voire préférablement en rester éloigné(e)s aussi longtemps que possible.
Et puis nous parlons d’Instagram. Elle ne connaît pas mon « activité » sur ce réseau, ce que j’y partage, le temps que j’y passe. Je lui explique que j’ai commencé à être active sur ce réseau au départ pour chercher de l’inspiration (pour la chambre de bébé d’Inès). Qu’on y voit et trouve tellement de choses intéressantes.
Et là elle dit quelque chose qui, pour la première fois depuis tous ces mois où je n’avais pourtant devant moi que des raisons évidentes pour me dire qu’il fallait prendre un peu de recul par rapport à mon utilisation, marquera mon esprit. Quelque chose de tellement anodin, tellement simple et évident. Sans aucune intention de vouloir me convaincre de quelque chose, en quelque sorte c’était juste une pensée qu’elle a exprimé tout haut :
Mais au final, si tu ne vois pas cette chose qui t’inspire, ce nouvel objet, ce nouveau livre ou autre… est-ce que ça change réellement quelque chose ? Ta vie en est-elle impactée de manière significative ?
Le déclic
Sur le coup, je suis passée outre. Mais toute la soirée, cette phrase résonne dans ma tête. Ma tête qui pense tout le temps, qui ne s’arrête jamais. Elle a dit quelque chose d’important. Alors j’y pense, encore et encore, je me représente plein d’exemples concrets : cette super activité bricolage pour les enfants, ce magnifique livre, cet objet déco, ces jolies boucles d’oreilles. Si mes yeux n’étaient jamais tombés sur ces choses sur Instagram, aurais-je loupé quelque chose de crucial ? Ont-ils changé, amélioré ma vie de façon significative et durable ? Et la réponse est évidente : NON.
Le test
Alors que j’ignore le problème depuis longtemps, que – soyons clairs – je suis accro à mon téléphone (à tel point que quand je le pose plus de quelques minutes, ma fille de 2 ans vient spontanément me l’apporter), tout d’un coup je ressens le besoin impérieux de me tester. Je ne vais pas jeter mon téléphone au fin fond de la cave pendant plusieurs jours, mais je veux supprimer l’application Instagram, ne plus du tout y accéder jusqu’à la fin du week-end (4 jours donc) et voir « ce que ça me fera ». J’explique brièvement la chose sur mon compte (parce que oui, oui, quand tu disparais soudainement, quelques personnes se posent des questions. Et puis j’ai des projets en cours, je ne veux pas disparaître comme ça sans rien dire) et je supprime la fameuse application. Je me sens grisée. Et je n’en sors tellement jamais que je me demande bien quel mot de passe il me faudra utiliser quand je me reconnecterai.
Et alors ?
L’automatisme
J’avais vu un reportage sur les « drogués » du smartphone et je savais qu’ils pouvaient ressentir un manque comparable à quelqu’un qui se sèvre d’une drogue. En l’occurrence, je n’ai pas supprimé le téléphone, mais il est « moins attrayant » à consulter sans cesse puisque la météo ou les nouvelles ne changent quand même pas toutes les 4 minutes.
Les deux premiers jours, voilà ce que j’ai constaté : prendre mon téléphone et le « vérifier » est un besoin presque incontrôlable. Quoi que je fasse, j’ai cette envie irrépressible d’activer mon écran. Je cherche l’appareil des yeux. Si je ne le trouve pas, je dois partir à sa recherche sur le champ. Sauf que comme je suis en pleine réflexion sur le sujet, j’y suis beaucoup plus attentive, en bref je suis carrément consciente de ces comportements que je répète depuis des mois. Et je me rends compte à quel point ça n’a pas de sens. Qu’est-ce qui est si important pour requérir mon attention immédiate des dizaines de fois par heure ?
Il y a quelques semaines déjà, j’avais déplacé l’icône Instagram de la première à la dernière « page » de mon téléphone. Ce qui ne m’empêchait absolument pas de la consulter de manière compulsive. Donc pendant 2 jours au moins, je me retrouve à activer mon téléphone totalement machinalement et faire défiler les 3 premières « pages » pour me retrouver sur la dernière. Ah mais oui, Instagram n’est plus là. Je le fais AUTOMATIQUEMENT dès que j’active mon téléphone. Au secours.
Le manque
Le premier jour, je pense à ce résultat de concours auquel j’ai participé et qui doit avoir été publié. A telle ou telle chose qui doit se passer sur les réseaux sociaux. Je ressens un petit manque, mais bien, bien plus léger que ce à quoi je m’attendais. Je me retrouve devant certains petits moments de la journée où j’ai juste envie de prendre une photo et la partager en story. Mais pourquoi ce réflexe ? Est-ce que « ce » moment intéressera vraiment les gens ? Est-ce que ça peut leur apporter quelque chose ? Est-ce que je ne ferais pas mieux d’utiliser la minute que ça me prendrait à observer ce moment et à me réjouir de ce qu’il m’apporte à moi ? Sans rien plus ?
Les questionnements
Instagram…
Les jours passent et ça devient évident. Au début de cette « expérience », je ne pensais pas questionner ma présence en tant que telle sur les réseaux sociaux, mais plutôt mon utilisation. Vivre le manque pour réussir à penser à une façon de mieux « cadrer » mon activité dans le futur. Mais ça a amené beaucoup plus de questionnements que je m’y attendais.
Sur la légitimité de ma présence, ce que ça m’apporte vraiment, le bon équilibre à trouver bien sûr. Le fameux rapport temps/bénéfices. Mais c’est allé plus loin encore.
Je me suis entre autres rendu compte qu’Instagram et les comptes que je suis comme « inspiration » (majoritairement donc des comptes dont l’esthétique me plaît ou qui traitent de déco, de littérature enfantine, etc.) avaient un effet pervers sur moi. En lien avec le fait que je suis quelqu’un dont le cerveau est en continuelle ébullition, qui peine à profiter de l’instant présent, qui est souvent en train de penser, à la suite, à plus tard, au prochain changement, au prochain anniversaire, etc. Instagram est une source continuelle et inépuisable de nouveauté. Autant de nouvelles idées à la minutes, autant de nouveaux projets que j’aimerais réaliser, de nouvelles habiletés que j’aimerais développer. Alors je crois que ma conclusion est la suivante : Instagram surmène mon cerveau en ébullition, réveille tout le temps ma multi-potentalité, aggrave ce phénomène de dispersion présent chez moi quand j’ai envie de faire trop de choses au même moment, que je m’éparpille, peine à fixer mes priorités et me sens dépassée par des choses que j’ai moi-même initiées, toute seule comme une grande. « A l’insu de mon plein gré » comme on dit (enfin, en réalité c’est Richard Virenque qui l’a dit).
… et tout le reste
Samedi, je passe 3 heures dans le train. Seule, sans Instagram. J’ai pris un livre, des écouteurs, je n’ai pas peur d’affronter ce trajet sans mon réseau social préféré. Je consulte mon temps d’écran des derniers jours. Je vois que la part des réseaux sociaux a diminué. Mais je suis allée plus souvent sur FB que d’habitude. J’étudie les autres applications qui apparaissent dans la liste, j’observe mes gestes. Où se dirigent mes doigts quand j’active mon téléphone ?
Cela fait déjà quelques mois que j’ai supprimé toutes mes photos personnelles de FB, que j’ai fait le tri dans mes « amis ». Mais sans Instagram, je me retrouve à scroller sans but sur FB plus souvent que nécessaire. Je ne peux pas supprimer mon compte car ma page de The Happily Tired Mama y est liée. Mais je veux aller plus loin. Je veux vider mon feed autant que possible, pour que mon cerveau se rappelle qu’il est inutile d’aller ouvrir FB, car il n’y aura (presque) plus rien à voir.
Et ces autres applications ? Trois ou quatre pour des « news », sans parler de deux pour les news people. Mêmes dépêches, mêmes nouvelles, mais je les checke quand même toutes régulièrement, sait-on jamais… Deux applications météo, trois de petites annonces (j’aime bien regarder les petites annonces immobilières, on ne sait jamais 😛 ), cinq ou six de shopping en ligne, etc. Ah le shopping en ligne. Je suis tellement rapide que je peux t’acheter presque toute en quelques petites minutes. Ah tiens, je vois une photo d’enfants dans la neige sur Instagram. Ma deuxième a besoin de bottes de neige. Hop Zalando, hop critères et autres filtres, hop c’est commandé. Autant de doublons ou d’applications dont je n’ai pas (franchement) besoin. Si elles disparaissaient, je ne le verrais même pas, mais pourtant mes doigts cliquent dessus, « juste pour voir »… sans but, sans raison.
Et ensuite ?
Les diverses applications
Samedi soir, jour 3, je suis dans le train et j’ai envie de faire le grand ménage. Je décide de supprimer un max d’application sur lesquelles je vais régulièrement, mais qui ne m’apportent rien. Je fais donc le tri dans mes applis de news, je supprime celles de news people. Je fais aussi le grand ménage sur les applis de shopping en ligne et j’en supprime une grosse majorité (Zara, Zalando, H&M & Co. Pour le moment, j’ai juste gardé la Redoute parce que j’ai un panier de « prêt » pour le Black Friday 😛 ). Je me dis que si j’ai besoin de commander quelque chose, alors je dois « faire l’effort » d’allumer mon laptop. J’ai le sentiment de commander souvent des choses trop rapidement ou dans des moments d’ennui. C’est inutile, je gaspille de l’argent et du temps. J’ai aussi supprimé les applications type LinkedIn et autres… honnêtement, ça ne me servait à rien pour le moment 😛 ! J’y suis allée vraiment fort, mais c’est ce que j’ai envie de faire pour le moment.
Résultat, j’ai nettement moins d’apps qui apparaissent sur mon écran, donc moins de tentations d’aller « vite regarder » des trucs inutiles. Mon téléphone reste plus tranquille, il a encore presque 50% de batterie en fin de journée, alors qu’avant je devais déjà parfois le recharger dans l’après-midi.
Gros ménage sur FB aussi. Je voulais supprimer toutes mes photos (il n’y a plus que des photos « non personnelles », mais pas mal quand même), mais il faut le faire une par une, j’ai renoncé. Par contre, j’ai supprimé tous mes amis (de toute manière, je ne publiais plus rien à part certains partages), tous les groupes, toutes les pages que je suivais. Il y avait beaucoup de doublons avec Instagram. Et à nouveau, je me demandais chaque fois : si je ne vois plus les posts de cette personne/page, est-ce que ça va vraiment me manquer ? Depuis le temps, je sais où aller voir si je cherche des bons conseils en matière de littérature, d’aromathérapie, et autres. Autant ne pas perdre de temps à lire tout ce qui apparaît sur le feed. Parce que quand « c’est là », je lis ! Donc pour l’instant, je peux aller scroller tout ce que je veux, mon FB est pratiquement vide ! Et c’est un sentiment vraiment agréable ! Rien à voir avec la peur du vide !
Et Instagram ?
Je me demande ce qui va se passer une fois que j’aurai réinstallé l’application. Comment arriver à cadrer correctement mon temps ? Tant que je sais que l’application n’est pas là, ça va. Je ne ressens plus le besoin de prendre mon téléphone partout. Je l’active encore régulièrement pendant la journée, mais beaucoup moins.
Il est dimanche, 19h30 et honnêtement j’ai presque peur du nombre de messages suite aux stories de mercredi soir expliquant ma démarche. Du temps que je vais passer à répondre. Honnêtement, j’aurais envie de prolonger l’expérience encore quelques jours, mais je me suis engagées à certaines choses.
Voilà ce que j’ai déjà décidé : faire un gros tri dans mes abonnements
- retirer les comptes seulement « esthétiques » ou qui ne me sont pas « utiles » (genre, je ne construis pas de maison, je ne rénove pas de maison. Autant arrêter de regarder des comptes sur ces thèmes qui me donnent juste envie de changer des choses et m’empêchent parfois d’apprécier ce que j’ai, car je pense à ce qui me plairait encore plus, mais que je ne peux raisonnablement pas avoir… Si un jour ça change, alors il sera temps de s’intéresser à ce genre de comptes pour une bonne raison) ;
- faire le tri dans les comptes « doublon ». Typiquement, vous savez que je suis fan de littérature enfantine. Je pense que je suis une dizaine de comptes sur ce thème. Autant d’idées, d’inspiration, de livres que j’ai envie d’acheter. Je vais garder les un ou deux comptes que je préfère et le reste, à la trappe. La seule raison est l’envie de me protéger plus. Aucun lien avec la qualité des comptes ;
- supprimer les comptes que je suis parce qu’ils exercent une certaine « fascination » sur moi. Alors je suis d’accord que ça craint, mais je pense que ça arrive à un certain nombre d’entre nous. Il y a des comptes que je suis pour des raisons que je n’arrive même pas à m’expliquer. La famille parfaite, la femme de footballeur qui a tout… enfin bref, pas besoin de faire un dessin. C’est de la pure « curiosité », un peu déplacée. Des comptes qui ne m’apportent strictement rien, à part une espèce de fascination stupide digne de la téléréalité que je ne regarde pas. Alors ouste tout ça, je n’en ai clairement pas besoin ;
- supprimer certains comptes que j’ai suivi en retour. Ce point est le plus « délicat » pour moi. Relativement à mes débuts, quand quelqu’un se mettait à me suivre, j’allais voir son compte et je le suivais aussi si je le trouvais « sympa ». Je le faisais vraiment comme une sorte de respect, quelqu’un s’intéresse à moi, donc moi je vais aussi m’intéresser à lui/elle. Du coup, je dois avoir des dizaines de comptes comme ça auxquels je suis abonnée et dont je ne vois certainement pas grand chose… C’est délicat, car il y a probablement un bon nombre de personnes qui me suivent encore. Je ne voudrais pas que mon « unfollow » passe pour un manque de respect. Mais je dois prendre ce risque. A celles qui me liront ici, n’y voyez rien de personnel. A celles qui décideront de « unfollow » en retour, pas de souci. Le nombre est un nombre, même s’il fait plaisir et paraît gratifiant, ce n’est pas une fin en soi.
Il y a donc encore pas mal de questions ouvertes pour le moment. Mais la machine est lancée, la réflexion est là, à voir ce que j’en ferai. Si certaines d’entre vous ont réussi à limiter de manière efficace leur consommation de réseaux sociaux (et de smartphone en général), je suis toute ouïe pour vos astuces !
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J’espère que cet article vous aura été utile ! Si vous avez des questions, n’hésitez pas !
Prenez soin de vous !